Cas d'une étudiante salariée puis non-salariée: help

Bonjour à tous,

Je me tourne vers vous dans l’espoir d’avoir des précisions CLAIRES et NETTES sur le fonctionnement lorsque l’on est frontalier puisque cela semble être un tabou, surtout de la part de la CPAM qui reste vague/floue/récalcitrante malgré mes visites à répétition…
Ma situation est spéciale: j’habite en France, je fais mes études sur Genève et tout en étant étudiante, j’ai pris un travail pendant quelques mois (en tant qu’extra) sur Genève également.
Naïvement, j’ai mis mon dossier à jour auprès de la CPAM mais 6 mois après mon tout premier jour de travail en Suisse (my bad). J’ai donc appris (après un délai trèèèès long) que j’étais radiée de l’assurance maladie française ET que j’aurais dû faire ces démarches dans les 3 mois suivant mon changement de situation. Ainsi, j’ai envoyé en recommandé avec accusé de réception une lettre motivée auprès de la commission de recours amiable afin de me faire à nouveau affiliée à la CPAM. Je leur ai fourni tous les documents justifiant ma situation puisque entre temps j’ai dû quitter mon travail en Suisse (mes études me demandent trop de temps en ce moment). Je ne perçois donc plus AUCUN salaire, j’ai résilié la LaMAL, et je suis toujours une française étudiant à Genève.
L’accusé de réception date du 17 septembre et toujours aucune nouvelle de la CRA… Je me doute que c’est un refus. Je me retrouve donc sans couverture maladie (et sans salaire).
Questions:

  • Est-ce que saisir le TASS apporte une solution concrète? dans quels délais?

  • Saisir le TASS va-t’il engendrer des frais?

  • Quelle garantie de revenir un jour dans le système d’assurance maladie français?

  • Si je travaille à nouveau en Suisse, payer la LaMAL est-il donc désormais ma seule option?

La moindre information à ce sujet me sera utile car cette situation est une source de stress… Toutes ces démarches administratives tournent en rond, sont absurdes et manquent cruellement d’efficacité. J’ai l’impression de ramer dans le vide et de perdre mon temps à contacter 1000 fois la CPAM d’Annemasse et à chercher des heures sur internet…

Merci d’avance et très bonne soirée à vous.

Pas sûr, il faut vérifier.
Dans mon cas, j’ai été soi disant radié en 1999. En 2015 la cpam m’apprend que mes droits courraient jusqu’en 2013 et que faute de Renseignement ils ont été alors stoppés.

Tout le temps un refus dans votre situation, j’ai pas d’idée des délais par contre.

Non.

Hé bien quand vous ne serez plus frontalière vous rebasculerez sur le régime français.

Je pense oui, et ça va sûrement être l’avis de votre canton également.

De toute façon je vais retourner voir la CPAM… J’aurais bientôt une plaque à mon nom dans leur file d’attente… -.-’

C’est bien là mon incompréhension… Puisque je ne touche plus de salaire suisse (fin de contrat en règle), je rebascule donc automatiquement à la CPAM de ma région n’est ce pas? C’est un changement de situation pour ainsi dire. Mais dois-je aller jusqu’au TASS pour refaire valoir mes droits?

Une dernière précision: si je travaille à nouveau avant la fin de l’année, à nouveau le choix s’offrira entre CMU ou LaMAL?

Bref, tout ce fonctionnement est assez flou en tout cas et seul ce forum arrive à m’apporter quelques bribes d’informations. Je vous remercie pour vos réponses…

Le statut d’étudiant est particulièrement compliqué il faut dire.
En général l’étudiant est couvert par une mutuelle spécifique de son pays qui le couvre à l’étranger dans le cadre de ses études.

Mais en prenant une activité rémunérée vous avez changé de statut, maintenant sans activité, vous rebasculez certes dans le statut étudiant, mais d’un point de vue couverture maladie c’est plus obscur car vous n’avez pas d’activité sur France ou de chômage… Bref, je ne sais pas trop dans quel statut vous vous trouvez actuellement !

Dans cette situation je me tournerai également vers mon canton pour avoir des infos, il est probable que le canton estime que vous relevez de l’assurance maladie Suisse.

Imaginons que vous releviez aujourd’hui de LAMal, si vous travaillez à nouveau votre droit ne va pas se réouvrir.
Pour que le droit se réouvre, il faut que vous ayez changé de régime pour un régime non-applicable entre temps (ex : LAMal -> chômage (sécu) -> reprise d’une activité en Suisse -> nouveau droit d’option)

Le principe pour les frontaliers est l’application du droit social de l’État de travail et cela dans toute l’Union/EEE/Suisse. Dans le cadre spécifique de la relation France-Suisse le droit d’option que vous citez est une exception permettant de s’assurer en France uniquement pour l’assurance-maladie. Ce droit d’option se situe à l’Annexe XI, Suisse, paragraphe 3, lettre b de la Loi européenne sur la coordination des systèmes de sécurité sociale (Règlement n. 883/2004, trouvable ici pour sa version applicable à la Suisse: https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/20112875/index.html#).

Cette possibilité est ouverte durant trois mois dans les cas suivants: déménagement en France, prise d’activité en Suisse, reprise d’activité en Suisse après une période de chômage, passage au statut de pensionné (voir notamment article 2/2 de l’accord spécial du 7 juillet 2016 entre la Suisse et la France).

En principe, dès lors que vous n’exercez plus d’emploi en Suisse et que vous résidez en France, c’est la règle de l’article 11/3/e Règlement n. 883/2004 qui s’applique. Ce sont donc les assurances-sociales du lieu de résidence, soit françaises, qui sont compétentes dans votre cas. A mon avis, ce n’est pas le régime CMU frontalier qui s’applique à vous mais le régime français spécial pour les étudiants. Je ne m’y connais toutefois pas assez en droit social français pour vous l’assurer. Je contacterais au plus vite une mutuelle étudiante si j’étais vous.

"3. Sous réserve des art. 12 à 16:
a) la personne qui exerce une activité salariée ou non salariée dans un Etat membre est soumise à la législation de cet Etat membre;
b) les fonctionnaires sont soumis à la législation de l’Etat membre dont relève l’administration qui les emploie;
c) la personne qui bénéficie de prestations de chômage conformément aux dispositions de l’art. 65, en vertu de la législation de l’Etat membre de résidence, est soumise à la législation de cet Etat membre;
d) la personne appelée ou rappelée sous les drapeaux ou pour effectuer le service civil dans un Etat membre est soumise à la législation de cet Etat membre;
e) les personnes autres que celles visées aux let. a) à d) sont soumises à la législation de l’Etat membre de résidence, sans préjudice d’autres dispositions du présent règlement qui leur garantissent des prestations en vertu de la législation d’un ou de plusieurs autres Etats membres."

Votre « non-droit d’option » en faveur de l’assurance-maladie suisse ne s’applique plus dans votre situation (mais reste a priori valable en cas d’emploi futur en Suisse) car le droit d’option ne vaut que pour les personnes soumises à l’assurance-maladie suisse selon la liste prévue à l’Annexe XI, Suisse, paragraphe 3, lettre a du Règlement n. 883/2004. Or vous n’en faites clairement pas partie selon les faits que vous avez exposés.

En outre, dès lors que vous n’avez plus d’emploi en Suisse, c’est la France qui est compétente en matière d’assurance-chômage (chômage complet) même si vous avez le droit de vous inscrire dans l’office de placement suisse de votre dernier emploi en Suisse (article 65 alinéa 2 et 5 du Règlement n. 883/2004) et donc de bénéficier (sur Genève) de la préférence à l’emploi -dans l’administration- pour les inscrits à l’office de placement genevois. Dès lors que vous serez inscrite à l’assurance-chômage en France, c’est également la France qui sera clairement compétente pour toutes les assurances sociales (article 11/3/c Règlement n. 883/2004).

"Art. 65 Chômeurs qui résidaient dans un Etat membre autre que l’Etat compétent

1. {…}
2. La personne en chômage complet qui, au cours de sa dernière activité salariée ou non salariée, résidait dans un Etat membre autre que l’Etat membre compétent et qui continue à résider dans le même Etat membre ou qui retourne dans cet Etat membre se met à la disposition des services de l’emploi de l’Etat membre de résidence. Sans préjudice de l’art. 64, une personne en chômage complet peut, à titre complémentaire, se mettre à la disposition des services de l’emploi de l’Etat membre où elle a exercé sa dernière activité salariée ou non salariée.Une personne en chômage, autre qu’un travailleur frontalier, qui ne retourne pas dans l’Etat membre de sa résidence se met à la disposition des services de l’emploi de l’Etat membre à la législation duquel elle a été soumise en dernier lieu.
3. {…}
4. {…}
5.
a) Le chômeur visé au par. 2, première et deuxième phrases, bénéficie des prestations selon les dispositions de la législation de l’Etat membre de résidence, comme s’il avait été soumis à cette législation au cours de sa dernière activité salariée ou non salariée. Ces prestations sont servies par l’institution du lieu de résidence.
b) {…}"

En ce qui concerne le droit d’option, si vous reprenez un emploi en Suisse, il ne sera certainement plus ouvert. Vous serez assurée à la LaMal (très cher pour les petits revenus). Ce choix sera cependant de nouveau ouvert si vous arrivez à être au chômage (donc a priori a vous inscrire à pôle emploi) avant de trouver un nouvel emploi en Suisse. Cette fois faite bien attention au délai strict de trois mois pour bénéficier de la CMU frontalier.

Je vous souhaite bonne chance dans vos démarches!

Attention, si vous être membre de la famille d’un travailleur frontalier, vous êtes rattachée à ce dernier pour les assurances sociales.

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A qui le dites-vous… :sweat:

Merci pour votre réponse en tout cas!

Etre frontalier pour ses études est un statut particulier et après avoir pris un emploi (je ne pensais pas que ça ouvrait tant de complications…) et l’avoir ensuite quitté, je me suis retrouvée dans une situation à laquelle personne (CPAM incluse…) n’a de réponse…
La solution serait donc d’être étudiante en Suisse + habiter en France + être à Pôle emploi en même temps?!

Ils ne veulent pas de nous car l’Université de Genève n’est pas associée à des mutuelles étudiantes françaises mais suisses. Sauf que ces assurances étudiantes demandent aussi de résider en Suisse… \o/

Non, je suis venue seule ici afin de poursuivre mes études! Démarches un peu difficiles en conséquence…

Merci pour votre réponse très complète je dois dire, vos informations m’éclairent beaucoup.
Il me reste à contacter la CPAM et à faire valoir mes droits car je reste étudiante française sans revenu après tout.
Si la LaMAL ne coûterait pas si cher pour moi, j’y serais restée et plus de problème d’administration…
Je posterai un message dès que mon cas sera résolu si cela peut aider de nouveaux étudiants frontaliers qui ont voulu financer leurs études en travaillant en même temps!

Merci pour votre aide et votre temps :+1:

Si vous avez quitté votre emploi de votre plein gré, je ne crois pas que vous pouvez vous inscrire à pôle emploi, mais je ne connais pas les détails du droit de l’assurance-chômage français.

En fait, et contrairement à ce qu’on pourrait penser -et à ce que je pensais d’ailleurs-, le cas des étudiants n’est pas traité spécialement par les règles européennes de coordination en matière d’assurances-sociales. L’étudiant qui n’est ni salarié, ni employé, ni au service civil ou militaire est soumis au droit social de son État de résidence; dans votre cas la France. Simplement, il arrive souvent que des étudiants gardent leur résidence, et donc leur assurance-maladie, dans leur pays de départ tout en allant étudier un moment dans un autre État européen (par ex. en séjour erasmus). Mais votre cas (c’était le mien aussi) est différent.

Si les mutuelles étudiantes françaises vous rejettent (certainement à tort, mais bon…), je vous conseille d’aller à la CPAM avec un exemplaire du Règlement 883/2004 et de leur montrer l’article 11/3/e pour voir ce qu’ils répondent. Je vous conseille aussi de prendre la lettre de votre assurance LaMal en Suisse qui prouve que vous n’êtes plus assurée en Suisse, même si vous l’avez certainement déjà fait.

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J’ai déjà pris RDV pour la mi-novembre, et c’est une très bonne idée cet apport d’arguments supplémentaires je vous remercie. Et oui, j’ai déjà apporté tous les documents possibles, incluant ma fin de contrat et les justificatifs de la LaMAL, mes justificatifs de scolarités, mes quittances de loyer…

Vous êtes très bien renseigné, je vous remercie :slight_smile: Cette aide est réellement la bienvenue!

Et l’étudiant qui est en stage rémunéré est considéré comme salarié ou pas…? donc a affilié
dans les trois premiers mois de son stage … merci pour vos réponses

L’étudiant qui est stage rémunéré en Suisse est un employé. Le statut de « stagiaire » n’existe pas en droit privé suisse.
Vous êtes un employé comme les autres. Vous êtes soumis aux mêmes règles que les employés et donc vous avez trois mois pour vous inscrire à la CPAM afin de bénéficier du droit d’option en faveur de la CMU Frontalier qui est identique au régime français standard de base sur la France et la Suisse avec quelques petits avantages mineurs sur le
territoire suisse (mais ce sont en principe uniquement les urgences qui sont remboursées en Suisse, sinon vous êtes bon pour casquer).

Si vous loupez le coche, vous serez soumis à la Loi fédérale sur l’assurance-maladie suisse (LaMal). Vous êtes obligé de vous affilier à une caisse privée remplissant des fonctions de base sous régime de droit public. Vous êtes couverts pour les soins de base en Suisse et en France une fois dépensé votre franchise annuelle (300CHF) et remboursé de 90% des frais jusqu’à 750CHF (sauf erreur) par année et 100% au-delà.

Pour les petits et moyens revenus, la LaMal est bien plus onéreuse (car c’est une somme fixe), pour les gros revenus, la LaMal est plus avantageuse car c’est une assurance "anti-"sociale. On paie par tête une somme fixe contrairement à la CMU Frontalier qui est proportionnelle au revenu du foyer. Par ailleurs, la prime mensuelle LaMal augmente chaque année de 2 à 10% dans la plupart des cas alors que la prime CMU Frontalier bouge avec vos revenus (elle se rapporte aux revenus de l’avant-dernière année, ce qui est très avantageux si votre revenu à tendance à augmenter mais dangereux si vos revenus ne sont pas stables).

Il parle de statut en terme de droit si vous avez lu ses réponses…
Ce statut « Praktikant » est-il un statut différent du statut de salarié ou d’étudiant ?

D’ailleurs vous poussez un peu en ne citant que la moitié de sa phrase :smiley:
On est pas sur un forum d’hommes politiques ici !

Le plus simple ne serait pas de reprendre une emploi en france ? Quelques heures au macdo ou en aide a domicile ?
Vous repasser a la sécu … fin …